Pour ce second article rétro dédié aux grands événements sportifs, et avec l’Euro 2020 qui s’est terminé récemment, nous avons décidé de mettre à l’honneur la finale de l’Euro 2000 : France vs Italie. Pour beaucoup, nous avons là, la meilleure équipe de France. Plus forte qu’en 98, les bleus dominent clairement l’Europe. L’apogée d’une équipe fantastique triomphante de la plus belle des manières. Un soir de juillet 2000 (le 2 pour être exact), au terme d’une finale à la dramaturgie époustouflante. Tout était réuni… Ou pas. Mais ce qui est sûr, c’est que de mon point de vue, c’est l’un des moments les plus forts que l’équipe de France m’a fait vivre, que d’émotions…
« Ça a construit nos vies, on a été champion du monde, champion d’Europe » Bixente Lizarazu
Dans cet article, nous allons nous remémorer ce qu’était l’équipe de France à cette époque, leur parcours dans cet Euro et puis plus précisément la chronologie de la finale.
Les bleus et leurs états d’esprit avant le début l’Euro 2000
Champion du monde en titre, l’équipe de France est sur le toit du monde et arrive dans cet Euro dans la peau du favori à abattre. Roger Lemerre, adjoint en 98 a pris la place de Aimé Jacquet en tant que sélectionneur de l’équipe de France, mais le groupe reste sensiblement le même, sur les 22 sélectionnés seulement 4 changements apparaissent. La plupart sont mineurs, même si un certain Sylvain Wiltord est dans la liste des attaquants et pourrait bien être décisif.
En revanche, certains statuts ont changé. Zidane a littéralement changé de standing et a confirmé que c’est un des meilleurs de la planète foot. Un joueur aussi très peu « utilisé » en 98 (2 matchs) aura un rôle des plus importants. Soit le grand milieu de terrain Patrick Vieira. Qui, hormis le match d’ouverture qu’il ne débutera pas (il entra à l’heure de jeu), jouera chaque match de cet Euro avec un impact énorme. Devant on a deux jeunes qui confirment leur superbe début de carrière, Thierry Henry et David Trezeguez. Nous avons aussi un autre jeune prodige Nicolas Anelka, pour le reste on ne change rien. Défensivement rien ne bouge Thuram, Laurent Blanc, Desailly, Lizarazu, et dans les buts Barthez qui est toujours en place.
Le capitane de 98 Deschamps est toujours présent et a toujours le brassard. Mais quelques tensions apparaissent autour de lui. Notamment à cause d’un article paru dans l’Équipe peu de temps avant le début de la compétition. A l’approche de ces 32 printemps Didier a toujours ses qualités de meneur d’hommes, son expérience et sa rage de la gagne.
Mais quelques citations le blessent. Ce qui explique qu’il est davantage là pour encadrer que pour apporter sur le terrain. Une phrase ressortie fait mal. Elle a apparemment été dite par Duggary : « Aujourd’hui Didier est devenu un handicapé du football, sa roue droite s’appelle Viera et sa roue gauche s’appelle Petit ». Des propos blessants et lourds de sens… C’est pour tout cela que Didier à la veille du match d’ouverture contre le Danemark, le 10 juin 2000 décide de ne plus communiquer à la presse. Et indirectement se dit à lui-même qu’à la fin de la compétition il prendra sa retraite internationale.
Roger Lemerre aura lui aussi ses quelques tensions avec les journalistes. Ses conférences de presse lunaires presque mystiques en témoignent, tant il était difficile de savoir où il voulait en venir. C’est donc dans un climat assez tendu au sein du groupe de l’équipe de France, staff compris et les journalistes, que débute la compétition.
Les matchs de poules
Dans un groupe composé du Danemark, de la République tchèque et des Pays-Bas, la France démarre sa compétition face aux Danois à Bruges.
Roger Lemerre pose ces titulaires et son système pour commencer, ça sera un 4-3-3, dans les buts Barthez, la défense classique Thuram à droite, Liza à gauche et la charnière centrale Blanc-Desailly. Au milieu on retrouve Deschamps, Petit à la récupération, Zidane légèrement plus haut en meneur et devant Djorkaeff, Henry, Anelka.
Une bonne entame du match permet aux bleus de mener 1-0 rapidement, mais à l’heure de jeu le sélectionneur change son système pour densifier le milieu de terrain et être plus solide, il fait rentrer Viera à la place de Djorkaeff, Zidane est positionné en soutien des 2 attaquants et Deschamps recule pour être en pointe basse du milieu. La France inscrira deux nouveaux buts et gagnera le match 3-0. Nous avons ici un début de compétition parfait.
Cinq jours plus tard, deuxième match contre la République Tchèque toujours à Bruges. Cette fois-ci, Roger Lemerre décide de commencer comme il a fini le premier match avec un milieu Deschamps, Viera, Petit et une attaque Henry, Anelka, Zidane en soutient. Henry ouvre le score rapidement mais les Tchèques égalisent peu de temps avant de rentrer aux vestiaires. Et c’est celui qui a fait les frais du changement tactique qui va débloquer la situation. Djorkaeff entre dès le début de la seconde période à la place de Petit. Et à l’heure de jeu sur un service Henry « The Snake » ne tremble pas et crucifie le gardien tchèque 2-1 score final. La France est d’ores et déjà qualifiée pour le tour suivant.
Mais un drame pour le sélectionneur s’est déroulé en même temps que le match. On apprendra plus tard que Roger Lemerre, dès la fin du match parti en catastrophe pour voir son père. Mais malheureusement il arriva trop tard et ne put lui dire au revoir avant ses dernières heures… Triste nouvelle pour notre coach, dont on ne peut imaginer sa douleur.
Le troisième match permet à notre homme de faire tourner et de donner du temps de jeu à Lama dans les goals, Leboeuf, Candela, Karembeu, Micoud, Pires, Trezeguet, Wiltord … pour un match sans grand enjeu, hormis la 1ère place de la poule. Mais plus largement, un match qui permettra de concerner l’ensemble du groupe puisque 9 des 11 titulaires pour ce match sont habituellement remplaçant. Le match se termine sur une défaite des bleus : 2-3, la France finit 2ème de poule et affrontera l’Espagne en quart de finale.
Deux matchs avant la finale
Quart de finale, France vs Espagne nous restons à Bruges. Avant le début du match on rappelle la stat : 19 ans que les bleus n’ont plus perdu contre l’Espagne. Oui, vous avez bien lu, 19 ans !
La composition de l’équipe reste dans une certaine continuité. Petit a quelques pépins physiques du coup c’est Deschamps, Viera qui sont à la récupération, Zidane un peu plus haut sur les côtés, Djorkaeff, Henry et Dugarry en pointe. Et tout commence pour le mieux, Zizou ouvre la marque à la 32ème minute d’un magnifique coup franc, mais dans la foulée, 6 minutes plus tard exactement, égalisation sur penalty de Mendieta. Mais la France réagit tout de suite après, juste avant la mi-temps le score est de 2-1, but de Djorkaeff tout simplement magnifique. Les bleus tiennent bon en seconde période jusqu’à la 89ème minute et ce penalty imaginaire sifflé pour une pseudo faute de Barthez.
Tout le monde retient son souffle, c’est Raul qui pose le ballon, face à lui Fabien. Raul est prêt à tirer mais c’est sans compter sur Youri Djorkaeff qui passe en trottinant entre le ballon et le tireur histoire de le déconcentrer. Cependant Raul ne bronche pas. Il s’élance, sa frappe prend le gardien de but à contre-pied mais finit juste au-dessus de la barre. Ouf ! La France est bénie, elle est maintenant à 1 match de la finale, place désormais au Portugal en demi.
France vs Portugal à Bruxelles, le sélectionneur aligne, pour moi, la meilleure équipe ou presque. La défense ne bouge pas, retour de Petit au milieu de terrain avec Didier et Viera. Zidane en 10 en soutient de la paire Henry-Anelka. Et une fois n’est pas coutume, ce n’est pas la France qui ouvre le score mais le Portugal d’une magnifique frappe à 25 mètres du but, plein axe par l’intermédiaire du redoutable Nuno Gomes. La reprise soudaine de l’attaquant a complètement surpris Fabien qui reste sans réaction 0-1, 19ème minute.
La France se crée des occasions. Elle joue un très beau football mais ne trouve pas la faille jusqu’à la 51ème minute. Un magnifique décalage à droite pour Anelka qui dans la surface trouve en retrait Titi qui ne tremble pas et égalise 1-1. (On note la très belle célébration d’Henry, qui pointe son doigt vers le ciel pour son grand-père décédé quelques jours plus tôt, que d’émotions…)
Le match dure et ne s’en finit pas, on part pour des prolongations et rien ne fait. 117ème minute, ça va se terminer aux tirs au but cette histoire ! À moins que… La France a une belle situation centre venant de la droite et l’arbitre siffle main, main dans la surface. Penalty main d’Abel Xavier. Les Portugais sont fous mais sur le ralenti aucun doute à avoir il y a bien main. L’arbitre a pris la bonne décision et c’est Zizou qui prend le ballon et va tirer. Après 5 longues minutes de contestation l’arbitre siffle et si Zizou marque c’est le but de la qualification pour la finale (à l’époque c’était le but en or). Notre numéro 10 préféré ne tremble pas et prend le gardien à contre-pied. Buuut !!! La France est en finale de l’Euro 2000 !
Et ce sera face à l’Italie le 2 juillet 2000 à Rotterdam que les bleus tenteront de conquérir un second titre de champion d’Europe dans l’histoire de l’équipe de France.
« Cela ne peut pas se terminer comme ça, j’ai la conviction au fond de moi qu’on va renverser le truc. Didier Deschamps (peu de temps avant le coup de sifflet final)
Finale de l’Euro 2000 France Italie

Commençons par quelques chiffres intéressants. Didier Deschamps à l’occasion de cette finale fête sa 101ème sélection et est le premier joueur de l’équipe de France à atteindre ce cap. Autres chiffres mémorables, toute la défense française, les 4 alignés ensemble ont disputé 25 matchs avec 0 défaite (juste impressionnant). Et pour finir, la dernière victoire de l’Italie face à la France date de 1978…
Le match commence d’entrée avec une grosse intensité mise par les 2 équipes, et avec un allant offensif, en tout cas en ce début de match. Et dès la 6ème minute sur une belle combinaison et une ouverture de Djorkaeff, Titi dans un angle très fermé trouve un espace, tire et trouve le poteau. Ça fait déjà deux fois en moins de 10 minutes qu’Henry s’illustre. Après 15 minutes de jeu on note des situations de part et d’autre mais pas encore de grosse occasion. Les Italiens sont assez hauts sur le terrain. Et je trouve la paire Delvecchio-Totti prendre doucement l’avantage technique sur le jeu à terre. Desailly et Blanc jouent des coudes, mais attention. De l’autre côté Zidane et Henry sont très bien rentrés dans leur match et créent du jeu. Et au milieu la paire Deschamps-Viera est bien présente.
On arrive à la 30ième minute du match. Depuis peu l’intensité dans les contacts est encore montée d’un cran. On remarque alors quelques fautes des deux côtés. Et une belle situation créée toute seule par Titi qui s’infiltre axe droit de la défense. Retour assassin de Di Biagio sur Henry qui est taclé par derrière. L’arbitre siffle, carton jaune, en prime bon coup franc à 25 mètres des buts de Toldo légèrement sur la droite. On arrive doucement sur la fin de la première mi-temps et ça y est cela fait maintenant 10 bonnes minutes que la France a mis le pied sur le ballon, c’est un très bon temps fort pour les bleus. Mais il faut concrétiser maintenant en ouvrant la marque car le score est toujours de 0-0.
Mi-temps, match très plaisant, une petite suggestion coaching si je peux me permettre, je trouve Dugarry pas dans le coup. Il semble avoir du mal à être dans le tempo. Personnellement, je ferais bien entrer un autre attaquant à sa place, quel qu’il soit. Mais il n’en est rien et on repart avec les mêmes.
Les 2 blocs sont très bien en place, quelques situations de chaque côté mais pas de grosse occasion. Il fallait l’appeler cette occasion, magnifique déboulée d’Henry sur le côté gauche laissant Cannavaro sur place, centre en retrait pour Zidane. Mais très bonne intervention de Maldini qui empêche Zizou de marquer, on est passé très proche de l’ouverture du score. 53ème minute Del Piero entre à la place de Fiore, et dans la foulée l’Italie pousse sur un corner joué vite. Un régal de talonnade de Totti trouve Pessotto qui centre instantanément et trouve Delvecchio au milieu de notre charnière. L’attaquant italien ne se fait pas prier et crucifie Barthez 1-0 pour l’Italie. Réaction immédiate sur le banc Roger Lemerre sort Dugarry et fait entrer Sylvain Wiltord. Il reste 30 minutes à l’équipe de France pour revenir, c’est largement assez de temps pour égaliser. Allez les bleus !
Et à peine quelques minutes après c’est Del Piero qui a une magnifique occasion pour doubler la marque mais son tir est trop croisé, l’équipe de France doit réagir: leur finale est en train de leur échapper. Voilà c’est ça qu’on veut voir : montée de Liza sur son côté il trouve Zidane qui d’une magnifique déviation trouve Wiltord dans la surface. Mais son tir est capté par Toldo. 66ème minute, Bagio laisse sa place à Ambrosini au milieu de terrain. L’Italie mène 1-0 et pour l’instant elle résiste parfaitement et casse le jeu, le temps joue en leur faveur.
Nouvelle occasion pour Titi, qui à 5 mètres du but tire mais Toldo ferme bien son angle. Il reste 15 minutes, les Français doivent égaliser. Puis deuxième changement: Trezeguet rentre à la place de Djorkaeff, ce n’est pas possible que ça en reste là, avec le Zidane qu’on voit, toutes les différences d’Henry et maintenant Trezegoal sur le terrain, il ne lui faut qu’une occasion pour nous délivrer. Il reste maintenant moins de 10 minutes, l’équipe de France pousse, donne tout ce qu’elle a. Mais en face les Italiens résistent. Ils utilisent tous les moyens possibles pour gagner du temps et trouver un nouveau souffle. Attention à cette contre-attaque des Italiens. Ambrosini lance Del Piero qui rentre dans la surface, frappe mais magnifique arrêt de Fabien.
86ème minute Delvecchio sort pour Montela. Pour la France c’est Pires qui rentre à la place de Lizarazu, clairement un choix offensif. Il reste 5 grosses minutes pour arracher les prolongations. On rentre dans le temps additionnel, tout le banc Italien est debout prêt à fêter le titre de champion d’Europe, il reste 1 minute à peine. Hors-jeu de Montela, Fabien demande à tout le monde de monter il faut apporter le danger dans la surface, Barthez allonge trouve Trezeguet en déviation pour Wiltord, allez oui ! C’est au fond, magnifique, 93ème minute égalisation de Wiltord. Thierry Henry fait signe au banc Italien de s’asseoir. Ce n’est pas fini les amies, prolongation…
Les Italiens sont littéralement abattus maintenant la première équipe qui marque sera championne d’Europe. Et ce sont les Français qui attaquent d’entrée avec une belle frappe de Pires à 25 mètres des buts, captée par Toldo.
« A ce moment-là on sait qu’on a gagné, on est champion d’Europe, ils sont morts on les a tués » Fabien Barthez (94èmes minutes du match)
Les deux équipes se rendent coup pour coup et malgré quelques situations, le temps passe. Enfin, voilà la 103ème minute. Déboulé de Pires entre deux Italiens. Il en passe un troisième puis centre en retrait pour David Trezeguet. Et d’un magnifique demi volé propulse le ballon au fond des filets. Génial ! Sensationnel ! La France est championne d’Europe Roger Lemerre nous tape un sprint devenu légendaire pour remercier l’homme providentiel. J’ai encore des frissons dans tout le corps, merci mille fois pour tout ! C’est ça le sport…
Euro 2000 : Mon mot de la fin
J’ai vécu cet Euro 2000 comme jamais cet été là. J’étais un jeune fan de foot et cette finale me reste à l’esprit comme très peu de match. D’énormes sensations, une émotion fabuleuse et une délivrance à la fin comme jamais. Pour réaliser cet article j’ai revu la finale et de nombreuses images d’archives. Je peux vous dire que des frissons m’ont parcouru le corps à chaque redécouvertes…
On pourra longtemps débattre sur quelle est la meilleure équipe de France entre 98 et 2000. C’est vrai qu’il est difficile de les départager. Pour moi, ça se joue surtout sur l’affectif et l’émotion transmise. Donc étant donné le scénario de la finale, l’équipe de 2000 est pour moi la plus belle. N’hésitez pas à me dire votre avis là dessus, en commentaire.
Zidane était pour moi, à l’une de ses plénitudes techniques et physiques. Il réalise un Euro de haut vol et tous les spécialistes seront d’accord pour dire que ce fut le meilleur joueur d’Euro. J’aimerais donc pouvoir dire un grand merci à toute l’équipe, aux 22 joueurs même ceux que je n’appréciais pas particulièrement et à tout le staff, particulièrement à Trezeguet qui fut un des joueurs qui joua le moins (parmi ceux qui espéraient être titulaire) mais qui fut décisif comme toujours. Un joueur dans sa globalité exceptionnel dans la surface et cela pour toujours (Trezegoal)
Et juste pour faire un petit parallèle avec l’Euro 2020, malgré toute la qualité qu’on possède aujourd’hui dans l’équipe de France, l’énorme difficulté de réaliser le doublé : coupe du monde – champion d’Europe, on peut largement dire que ce qu’a fait cette équipe, est tout simplement formidable, car nous ne l’avons pas égalé pour cet Euro 2020. C’était une autre époque et presque un autre football.
Je vous partage un très bon reportage diffusé sur l’Équipe, si vous ne l’avez pas vu, allez-y, pleins de petites infos et frissons sont garantis.
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Toi aussi tu aimes redécouvrir des finales spectaculaires ? Alors notre chronique Rétro est faite pour toi ! Va donc lire notre premier numéro : La finale légendaire Wimbledon 1980 John McEnroe Bjorn Borg